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L'actualité littéraire, Le nouvel observateur. 6 décembre 2007.
La BNF en Enfer: quand la littérature a le feu aux fesses
Séminaire théorique
Nicole Savy et Pierre-Marc de Biasi. Séminaire Flaubert 2006-2007. Le 16 juin 2007 (10h00-13h00), ENS, Paris.
Flaubert et les musées
Conférence
Genèse et correspondances I/ 2006-2007. Le 17 mars 2007 (10h00-12h00), ENS, Salle Celan.
Analyse de la correspondance et genèse de l'oeuvre : le cas Flaubert
La critique et l’histoire littéraire considèrent habituellement la correspondance d’un auteur comme un réservoir disponible pour puiser à volonté - sur l’intertexte, la poétique, les sources biographiques de l’œuvre, etc. - des informations qui deviennent directement mobilisables pour l’interprétation de l’œuvre. Il n’en va pas de même en critique génétique où le statut des indices épistolaires est plutôt considéré comme un problème. Même dans les cas où elle semble nous apporter une connaissance de première main sur son travail, la lettre d’écrivain ne constitue pas à proprement parler un document de genèse, mais un témoignage, c’est-à-dire une information extérieure au processus génétique lui-même. A la différence du manuscrit de travail, la lettre est un médium de communication : elle est fortement marquée par le cycle court des circonstances et par l’identité du destinataire auquel elle s’adresse. De ce point de vue, la Correspondance contient autant de mensonges que d’aveux, et son message est nécessairement sujet à caution. Sauf quelques exceptions qu’il s’agit précisément de circonscrire avec précision, elle reste d’autre part étrangère à l’élaboration de l’œuvre elle-même. Les lettres de l’écrivain ne font donc pas partie du dossier de genèse de l’œuvre au même titre que les manuscrits de travail proprement dits : plans, scénarios, carnets, brouillons, mises au net, etc. Ce qui n’empêche pas la Correspondance de constituer un gisement d’informations souvent essentielles sans lesquelles l’investigation génétique serait démunie. Quelles informations ? Utilisables selon quelles modalités, avec quelles précautions ? Est-il possible d’imaginer une typologie des fonctions ou des usages génétiques de la correspondance ?


Le problème est particulièrement crucial pour un corpus comme celui de Flaubert, dont l’interprétation a été profondément renouvelée et plusieurs fois redéfinie, depuis un siècle, par la découverte progressive d’une Correspondance qui a, par ailleurs, fini par acquérir elle-même le statut d’œuvre littéraire à part entière. On se servira de quelques cas exemplaires empruntés à ce corpus pour éclairer le problème théorique des relations entre Correspondance et genèse et pour illustrer le rôle décisif mais décalé que la lettre peut tenir dans l’investigation génétique.

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