Radio libre
"Flaubert : le dada de l'écriture", dans la série "Radio libre" de France Culture, juillet 2001, émission de 4h. avec Pierre Michon, Florence Delay, Jean Echenoz, Pierre Dumayet, de nombreuses archives : Alain Robbe-Grillet, Jean -Paul Sartre, Paul Valery, etc… Pilotage et co-réalisation de 15 émissions sur Gustave Flaubert. Émission rediffusée en décembre 2003.

L'homme plume. Il se définissait ainsi. Son corps pour écrire. Son sang pour ses mots. Son sperme comme effusion de sens. Toute son énergie donc pour devenir écrivain. L'est-il devenu? De son vivant pas vraiment reconnu pour ses six grandes œuvres. Mais aujourd'hui plus que jamais vivant, toujours ardent mais encore à découvrir tant son œuvre publiée et celle encore inédite donne l'ampleur de ce personnage qui pensait qu'on pouvait écrire sur rien et qui a inventé l'écrivain-chercheur. Flaubert donc l'air de rien. Après avoir parcouru le monde, il s'enferme dans sa propriété de Croisset, n'en sortant plus que pour se documenter pour ses romans. Il découvre la jouissance d'écrire comme seule règle d'existence et prend à bras le corps ce qu'il nomme cette "chienne de prose". Pas de théorie du roman. Il l'exécrait. Pas d'amour du réel : il passait son temps à le réinventer, lui que certains manuels scolaires prennent encore pourtant pour le maître du réalisme. Et toujours loin des convenances. Le cycle d'émissions tentera de dégager Gustave Flaubert de toutes ces appellations et définitions où on l'a enfermé, de lui redonner sa violence, son souffle, sa manière de haïr les bourgeois et les conventions. Plusieurs approches tenteront de rendre compte de l'angoisse de Gustave Flaubert : angoisse devant cette tâche immense et sacrificielle qui l'avait empoigné comme un destin : devenir écrivain. Mais écrire quoi? Ecrire comment? Ecrire avec quoi? "Il faut tout connaître pour écrire", écrivait-il en 1854 à Louise Colet, ajoutant que lui, "comme tout écrivassier, vit dans une ignorance monstrueuse". "La moelle me manque", ajoutait-il. Mais qui était Gustave? On s'attachera à dénouer les mystères de sa filiation réelle et littéraire. Fils de qui? Le mystère demeure…. Celui qui s'amusait à jouer des troubles de son identité - il se nommait aussi Cruchard, Polycarpe, Quarafon, Troubadour, nous a aussi fait croire qu'il était Madame Bovary. France Culture mènera l'enquête : n'était-il pas aussi Monsieur Bovary, Pécuchet, Bouvard, mais aussi Monsieur Homais. Une seule chose est sûre : il est né dans un hôpital. Il y a vécu un quart de siècle et ce sentiment de moisi et de souffrance l'a poursuivi jusqu'à la fin de sa vie. Gustave le mal pensant, le nihiliste. N'affirmait-il pas que le genre humain n'était qu'une "vaste association de crétins et de canailles ". Ce qu'il pensait de l'avenir? : "Au XXème siècle nous allons rentrer dans une ère stupide, qui sera utilitaire, militaire, américaine et catholique". Celui qui voulut qu'on ne sût rien de lui a laissé tant de textes qu'on peut douter de sa sincérité… France Culture tentera de faire sortir celui qui se nommait lui-même un ours de ses milles tanières. De "Mauvais genres" en passant par "Les chemins de la connaissance", sans oublier la "Radio libre" confiée au flaubertien enragé, Pierre-Marc de Biasi, France Culture se transformera pendant quinze jours et grâce à seize émissions, nous l'espérons pour la grande joie de tous, en Radio Flaubert. Laure Adler
2001

Flaubert : le dada de l'écriture
Avec la participation de Pierre Dumayet, Eugène Green, Raymonde Debray-Genette, Michel Contat, Pierre Michon, Claudine Gothot-Mersch, Jean Echenoz, Jacques Neefs, Florence Delay, Anne Herschberg-Pierrot, Ambroise Perrin. Et les voix de Alain Robbe-Grillet, François Marthouret, Jean-Paul Sartre, Alain Cuny, Suzanne Flon, André Gide. Première diffusion le 23 juin 2001.
A la faveur d'un récit personnel et de rencontres avec des écrivains et des chercheurs, Pierre-Marc de Biasi nous entraîne à la découverte d'un Flaubert inédit et déconcertant : celui des innombrables brouillons et des formidables ratures. Spectographie littéraire d'un enragé de l'écriture, intransigeant, farouche et généreux, qui a tout misé sur le style, et dans lequel les créateurs d'aujourd'hui reconnaissent un contemporain essentiel.





La légende de saint Julien l'Hospitalier
réalisation : Jacques Taroni. Dit par Christian Rist.
Récit étincelant, limpide et pourtant énigmatique comme un rêve, La Légende de saint Julien raconte l'histoire sanglante d'un destin voué aux massacres et à un double parricide. Le style de Flaubert atteint ici une telle perfection formelle que l'œuvre peut être considérée comme une sorte de testament esthétique de l'écrivain. Fidèle au "gueuloir flaubertien", Christian Rist en donne une version orale éblouissante. Une discussion entre Christian Rist et Pierre-Marc de Biasi propose quelques hypothèses pour l'interprétation de ce texte traversé par l'inconscient.



Ecrire au sens absolu : Le Voyage en Egypte
Extraits choisis par Pierre-Marc de Biasi. Réalisation : Jacques Taroni.
En revenant de son voyage de dix-huit mois en Orient, Gustave Flaubert s'empresse de fixer pour lui-même la mémoire de cette expérience dans un manuscrit à usage privé qui constituera une source essentielle pour toute son œuvre. On a privilégié les passages les plus intimes de ce manuscrit : des émotions, des chocs sensoriels et les nombreuses aventures amoureuses dont le récit, longtemps censuré pour des raisons de bienséance, n'est connu dans sa version originale que depuis une dizaine d'années



Ecrire au sens absolu : Dictionnaire des idées reçues
Extraits choisis par Pierre-Marc de Biasi. Réalisation : Jacques Taroni.
En mourant, Flaubert laissait inachevé Bouvard et Pécuchet et notamment le "second volume" conçu pour "rendre fou" le lecteur. Fragment de ce projet inachevé, le Dictionnaire des idées reçues est "écrit de telle manière que le lecteur ne sache pas si on se fout de lui, oui ou non". Flaubert y recense les clichés, lieux communs, préjugés et stéréotypes en usage, dans l'espoir qu'après l'avoir lu, personne n'ose plus ouvrir la bouche de peur de laisser s'échapper une sottise.
(Ré)écouter l'émission



Ecrire au sens absolu : Correspondance
Choix de lettres proposé par Pierre Marc de Biasi. Réalisation : Jacques Taroni
La correspondance avec Louise Colet s'arrête en 1854, c'est-à-dire en pleine rédaction de Madame Bovary, alors que Flaubert n'a encore rien publié. Mais de Salammbô à Bouvard et Pécuchet, en passant par toutes les grandes œuvres de la maturité, Gustave Flaubert n'a cessé de s'entretenir par lettres avec ses amis sur l'évolution de son travail, ses projets et le sens qu'il donnait à son métier d'écrivain. Ses destinataires se nomment Feydeau, Les Goncourt, Taine, George Sand, Tourgueniev, Sainte-Beuve, Maupassant.